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Sorbus aucuparia L.
Sorbier des oiseleurs
Rosacées
Description :
- Le sorbier des oiseleurs est un arbuste ou un arbre caducifolié au tronc généralement assez court atteignant 20 m de haut (fig. 1).
- L’écorce, d’abord gris clair puis gris noirâtre (fig. 2), se fissure longitudinalement avec l’âge. Les jeunes rameaux, brun rougeâtre à violacés, lisses et luisants, sont couverts de lenticelles blanches.
- Les bourgeons, fusiformes, sont munis d’écailles brun noirâtre nettement velues (longs poils blancs appliqués – fig. 3) à glabrescentes. Ils mesurent de 3 à 10 mm.
- Les feuilles, alternes, imparipennées, sont composées de 9 à 19 folioles oblongues à elliptiques, denticulées, vert foncé au-dessus, plus claires au revers et longues de 2,5 à 6,5 cm. D’abord pubescentes, elles deviennent glabrescentes et parfois luisantes (fig. 4).
- Les fleurs, blanches et petites, aux pétales longs de 4 à 5 mm, sont rassemblées en panicule corymbiforme (fig. 5).
- Les fruits (appelés sorbes) sont petits (de 5 à 10 mm de diamètre), globuleux, rouge vif à orangés (fig. 6). Ils persistent généralement durant l’hiver.
- La floraison a lieu de mai à juin.
- Deux sous-espèces sont actuellement connues dans les Alpes :
• subsp. aucuparia (décrite ci-dessus).
• subsp. glabrata se distinguant du type par sa taille ne dépassant pas 3 m de haut et par ses pédoncules floraux glabres.
- Les sous-espèces fenenkiana, praemorsa et sibirica, absentes des Alpes, ne sont pas présentées ici.
- Le sorbier domestique (S. domestica) se distingue du sorbier des oiseleurs par ses bourgeons glabrescents et visqueux et ses folioles essentiellement denticulées dans la partie supérieure.
Distribution et vulnérabilité :
Le sorbier des oiseleurs est une espèce eurasiatique présente dans une large partie du territoire franco-suisse. Elle est très commune dans les montagnes des Alpes du Nord, plus disséminée et souvent plantée en plaine.
La sous-espèce glabrata, d’affinité boréale, semble présente principalement dans le Nord de l’Europe, les Alpes et le Jura (sa distribution est à préciser).
Écologie :
- Le sorbier des oiseleurs est une espèce de pleine lumière ou de demi-ombre à très large amplitude, exigeant toutefois une forte humidité atmosphérique. Il se rencontre dans divers types de boisements, fourrés et accrus forestiers montagnards.
- En montagne, il se développe indifféremment sur divers types de substrats : fins ou grossiers, acides ou basiques, secs à humides. En plaine, il croît préférentiellement sur des substrats acides généralement sablo-limoneux.
- Il présente un optimum écologique dans les groupements arbustifs mésophiles préforestiers (Sambuco-Salicion), notamment sur roche mère silicatée au sol acide et pauvre en nutriments à l’étage montagnard supérieur (Piceo-Sorbetum aucupariae – fig. 7).
- Il est présent de l’étage montagnard à l’étage subalpin inférieur (jusqu’à 2 000 m).
Utilisation en génie végétal :
Le sorbier des oiseleurs est une espèce encore assez peu utilisée dans le domaine de l’aménagement, mise à part en plantations ornementales.
Dotée d’une très large amplitude écologique et de fortes résistances au froid et à la sécheresse, cette espèce rustique peut être utilisée sur différents types de substrats et dans diverses conditions d’ensoleillement, aux étages montagnard et subalpin (Vogt 2001). Elle offre aussi une forte tolérance à l’ensevelissement et produit, dans ce cas, des racines adventives permettant de fixer les couches superficielles du sol. Les blessures engendrées par des chocs sur son tronc favorisent également la production de rejets de souche et la constitution de cépées denses.
Elle est ainsi particulièrement adaptée pour la stabilisation des berges inclinées soumises à des mouvements de terrain réguliers. Son système racinaire assez superficiel et son port arboré atteignant 15 à 20 m empêchent toutefois une utilisation sur pentes trop fortes (effet « bras de levier »). Enfin, la rigidité de son tronc peut provoquer des remous importants en cas de crue ce qui ne la prédispose pas à une utilisation en pied de berge. L’intégration de cette plante mellifère ayant une floraison et une fructification particulièrement abondantes permet aussi d’améliorer la qualité paysagère et écologique d’un aménagement (baies constituant un « garde-manger » pour de nombreux oiseaux durant une bonne partie de l’hiver). Il est important de noter qu’il constitue un hôte intermédiaire du feu bactérien, maladie des arbres fruitiers à pépins (rosacées principalement). Il est donc déconseillé de l’implanter à proximité de vergers.
Le sorbier des oiseleurs présente un très faible taux de reprise au bouturage. L’utilisation de plants à racines nues devra ainsi être privilégiée dans les aménagements (espèce facilement disponible dans de nombreuses pépinières). Etant donné l’existence de nombreux cultivars ornementaux dans le commerce (« Cardinal Royal », « Skybound », « Sheerwater seedling », « Edulis », etc.), une attention particulière devra être portée à l’utilisation de plants indigènes. Il peut aussi être implanté sous forme de graines, cette méthode offrant d’ailleurs une meilleure capacité de développement que les transplants avec une très forte croissance les premières années. Cette technique permet de garantir l’utilisation de souches locales adaptées aux conditions du milieu, même lorsque les populations locales sont peu importantes. Elle reste toutefois peu applicable en génie végétal (à expérimenter éventuellement en combinaison avec un ensemencement). Sa capacité à produire des racines adventives permet de l’intégrer dans les lits de plants et plançons ou les caissons en rondins végétalisés (Florineth et al. 2002), du milieu jusqu’en sommet de berge, en association notamment avec le saule marsault (Salix caprea), le bouleau pendant (Betula pendula), le noisetier (Corylus avellana), le peuplier tremble (Populus tremula), le sorbier de Mougeot (Sorbus mougeotii) ou le sureau à grappes (Sambucus racemosa) avec lesquels il se retrouve fréquemment en milieu naturel.
La production et la commercialisation de plants de sorbier des oiseleurs à des fins forestières sont soumises à une réglementation spécifique en Suisse (chap. III.3.2.4).