Vous êtes ici
2.1.1.2. Saulaies à saule drapé (Salicion elaeagni)
Les saulaies buissonnantes à saule drapé (S. elaeagnos) sont le plus souvent des formations arbustives. Elles peuvent parfois être arborescentes, mais ce développement en haute tige est assez rare dans les Alpes du Nord. Ces saulaies se développent dans les cours supérieurs et moyens des rivières aux pentes fortes (plus de 2 %), le plus souvent en tête de bancs sur des matériaux grossiers drainants (galets, graviers), pauvres en matière organique. Elles sont ordinairement structurées par le saule drapé, le saule faux daphné (S. daphnoides) et le saule pourpre (S. purpurea – notamment sa sous-espèce angustior), ce dernier s’hybridant régulièrement avec le saule faux daphné. Par ailleurs, le saule noircissant (S. myrsinifolia) peut être localement abondant, notamment à la lisière du peuplement. La composition des strates herbacée et sous-arbustive dépend de la xéricité du substrat.
D’un point de vue altitudinal, ces saulaies sont parfois présentes dès l’étage planitiaire, le long des grandes rivières alpines comme sur le haut Rhône français à seulement 250 m d’altitude, où elles sont en régression, jusqu’au sommet de l’étage montagnard où elles atteignent ponctuellement 1 500 m.
Enfin, elles colonisent parfois des biotopes secondaires tels que les talus de bord de route, les carrières ou les gravières abandonnées au sol temporairement inondé.
Deux types de saulaies à saule drapé sont généralement distingués en fonction de leur xéricité : la saulaie à myricaire, qui représente une variante hygrophile sur matériaux fins, et la saulaie à argousier qui correspond à une variante xérophile sur matériaux grossiers. Une situation médiane, mésophile, est également régulière.
La saulaie à myricaire se développe sur des sols pourvus d’une matrice de sables et de limons (fig. 6), souvent marqués par des traces de crues. La rétention en eau des matériaux fins permet la germination et le maintien d’espèces herbacées sensibles à la sécheresse. Outre la myricaire (Myricaria germanica), cette saulaie comporte de manière éparse les saules blanc et à trois étamines.
La strate herbacée présente des taxons hygrophiles, notamment des joncs (Juncus alpino-articulatus, J. articulatus, J. bufonius), et des espèces déalpines (Campanula cochlearifolia, Epilobium fleischeri, Gypsophila repens). Elle présente un optimum de développement à l’étage montagnard où elle constitue un stade intermédiaire entre les communautés à prêle panachée et à petite massette (Equiseto variegati-Typhetum minimae) et l’aulnaie blanche à calamagrostide bigarée (Calamagrostio-Alnetum).
La saulaie à argousier se développe sur les sols alluviaux graveleux ou sableux, secs 3 à 4 mois par an (fig. 7).
Elle montre un optimum de développement dans les vallées intra-alpines. Outre la présence de l’argousier (Hippophae rhamnoides), cette saulaie est structurée par des essences xérophiles comme l’épine-vinette (Berberis vulgaris) ou le pin sylvestre (Pinus sylvestris). La strate herbacée, également xérophile, comporte diverses espèces d’épervières (notamment Hieracium piloselloides et H. staticifolium), l’armoise champêtre (Artemisia campestris), l’épilobe à feuilles de romarin (Epilobium dodonaei) ou encore la fausse roquette à feuilles de cresson (Erucastrum nasturtiifolium). Sur le plan dynamique, les saulaies à argousier s’insèrent entre les communautés herbacées ripicoles sur matériaux grossiers (Chondrillo-Myricarietum) et les aulnaies blanches à calamagrostide bigarée (Calamagrostio-Alnetum – fig. 8) ou à violette à deux fleurs (Violo-Alnetum) selon le contexte. Dans les stations les plus sèches, elles peuvent également être au contact de pinèdes ou de bétulaies xérophiles.
Au-delà des deux variantes décrites ci-dessus, il existe des situations à xéricité intermédiaire où les strates herbacée et sous-arbustive présentent un mélange d’espèces propres aux deux cortèges, voire, inversement, une absence des espèces mentionnées ci-dessus. Dans cette situation, certaines graminées pionnières comme l’agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera), la calamagrostide commune (Calamagrostis epigeios) ou d’autres espèces résistantes aux perturbations comme la fétuque faux roseau (Festuca arundinacea) sont régulièrement présentes, ainsi que le tussilage (Tussilago farfara) et parfois le liondent hasté (Leontodon hispidus subsp. hastilis).
La résistance aux contraintes mécaniques et à la sécheresse des saules typiques de cette formation permet leur implantation sur tout le profil de berge, y compris sur des matériaux drainants. Cette formation est d’autant plus adaptée pour une application en génie végétal que les trois espèces de saules dominantes (S. daphnoides, S. elaeagnos, S. purpurea) présentent des taux de reprise au bouturage très élevés (supérieurs à 90 %), autorisant leur utilisation dans de nombreux types d’ouvrages.
La composition de la strate herbacée fournit également plusieurs auxiliaires précieux comme la calamagrostide commune et certaines sous-espèces du liondent hispide (chap. III.4). D’autres espèces comme les épilobes de Fleischer ou à feuilles de romarin ou encore le tussilage ne sont en revanche pas encore utilisées (chap. III.5).
La composition de la strate herbacée fournit également plusieurs auxiliaires précieux comme la calamagrostide commune et certaines sous-espèces du liondent hispide (chap. III.4). D’autres espèces comme les épilobes de Fleischer ou à feuilles de romarin ou encore le tussilage ne sont en revanche pas encore utilisées (chap. III.5).