Principes d'aménagement des cours d'eau

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1.1.1. Protection des biens et des personnes ou préservation de l’espace de mobilité des cours d’eau ?

Fig. 1 -  Érosion de berge sur le haut Giffre (Haute-Savoie - France).Le transport solide constitue un élément fondamental de l’équilibre de l’hydrosystème fluvial et participe largement au bon état des cours d’eau. Lorsque la quantité de matériaux solides charriée par le cours d’eau est inférieure à sa capacité de charriage, celui-ci a tendance à éroder les berges afin de se réapprovisionner en charge solide (fig. 1).
 
À défaut (protection de berges trop importante, absence de zones d’apports suffisants, etc.), le cours d’eau érode le fond de son lit. Il en résulte alors un enfoncement du lit mineur dont les conséquences sont particulièrement préoccupantes :
accroissement de l’érosion des berges ;
déchaussement d’ouvrages de franchissement (ponts, passerelles, etc. – fig. 2) ou de protection (digues notamment) ;
diminution de la ressource en eau disponible ;
perte de la dynamique alluviale entraînant la modification des peuplements végétaux riverains ;
perte de biodiversité par déconnexion des milieux annexes au cours d’eau (connectivité) et création de discontinuités longitudinales.
 
Fig. 2 - Déchaussement d’ouvrage latéral dû à l’incision du cours d’eau à la confluence du Claret avec l’Arc (Savoie - France).L’incision généralisée des cours d’eau européens, observée depuis plusieurs décennies, nuit fortement au bon fonctionnement de l’hydrosystème et à la qualité des milieux aquatiques. La ressource en eau et la biodiversité s’en trouvent particulièrement affectées. Il convient donc de faciliter la reconquête d’un espace de mobilité des cours d’eau (ou de bon fonctionnement) afin de favoriser l’apport de charge solide et, indirectement, atteindre le « bon état écologique ».
 
Au-delà de ce cadre général, il convient d’aborder cette problématique de manière globale et de mettre en parallèle les avantages et inconvénients de la restauration d’un cours d’eau et de son espace de mobilité, avec les coûts engendrés directement et indirectement. Il est ainsi parfois préférable de sauvegarder certains enjeux socio-économiques en place qui présentent une importance particulière (captages d’eau potable, voies de communication principales, zones urbanisées, etc.) et dont le déplacement coûterait bien davantage que les bénéfices socio-économiques obtenus par la restauration de l’espace de mobilité du cours d’eau sur le secteur. Il s’agit donc de préserver la sécurité des biens et des personnes face au risque d’érosion des berges de cours d’eau par la protection de certains secteurs contre l’érosion.
 
Fig. 3 - Érosion de berge menaçant plusieurs enjeux socio-économiques sur la Dora di Bardonecchia (Piémont - Italie) : route, chemin de fer, réseau électrique.La maîtrise de l’érosion constitue donc un défi majeur pour les pouvoirs publics ; défi qu’il convient d’inclure dans une logique globale d’aménagement du territoire afin de concilier de manière cohérente et coordonnée « protection des biens et des personnes » et « préservation de l’espace de mobilité des cours d’eau » (fig. 3).